"Mais vous savez mon bon monsieur, il vaut mieux cela que rien du tout !"
Ah que la vérité aussi crue que l'ignorance de ces personnes vous lançant froidement au visage leur dignité froissée par votre réflexion est difficile à appréhender. Que le bénévole soit pardonné de toutes ses fautes relève d'une pauvre volonté de vouloir "bien faire" ; je ne pardonne pas !
Je ne pardonne surtout pas cette ignorance volontaire, cette façon de vous dire : "Mais monsieur, nous ON fait !" Aucun moment de réflexion, aucune problématique, pas de conditions, de méthodologie, uniquement de la bonne volonté avant tout ... Et si l'on s'avise de critiquer, de proposer, de suggérer, malheur à qui l'on s'adresse ! La plupart vous renverront à vos réflexions dures et dommageables pour les bénévoles, ces bonnes âmes qui facilitent votre quotidien. Mais palsembleu, si vous faites apprendre le parachutisme à de jeunes personnes par un spécialiste de la belote, de très bonne volonté certes, mais qui n'a jamais vu ni un avion, ni un parachute, vous conviendrez qu'il y a problème, non ?
La bonne volonté n'est pas une excuse, c'est une fatalité !
Cette vision, temporaire, souhaitons-le, de l'espace généalogique actuel, se reflète dans les multiples couches de communication dont dispose le chercheur amateur, professionnel ou simple curieux. Et au delà de cette diffusion déformée, parfois inexacte, se retrouvent des organismes pour lesquels on ne soupçonnerait pas la moindre part d'amateurisme claudiquant.
Je viens d'y être confronté !
Au delà du plaisir de voir une commune mettre en ligne ses archives, parce que les Archives Départementales ne l'ont pas fait, se profile l'immense difficulté à se retrouver dans un fatras de documents différemment agglomérés. Que l'on en soit convaincu, j'ai trouvé un grand nombre de réponses à des questionnements mis de côté depuis quelques temps. Mais que dire lorsque l'on passe gaiement d'une année à cinq ans plus tard, ou plus tôt, au milieu d'un registre ... Ou qu'après la fin de l'an III de la république on se trouve face à des actes de l'an IV de l'Empire ! Sans oublier des tables manquantes, en désordre, de toutes tailles, des pages web vides, sans explication, l'absence des tables décennales et un manque de rigorisme flagrant.
Cet amateurisme associé à une collectivité qui ne sait pas ou ne peut pas analyser les résultats de sa demande est créateur de torts, de quiproquos, d'erreurs en tout genre. Il est alors impossible d'avoir confiance dans ces données ; on se demande si l'acte est absent des registres ou bien si l'on a omis de le mettre en ligne ..
Faisons nous alors de la généalogie à deux vitesses ? Une sûre et fiable et l'autre bancale et aléatoire. Si la recherche de la source de telle ou telle assertion généalogique est une constante que nous devons tout le temps avoir en tête, qui retenir comme source fiable, et sur quels critères ? Qui détient la vérité ?
L'amateur devient éclairé du moment où un certain nombre arrive à pouvoir certifier, valider son travail, mais c'est une pratique bien souvent officieuse, n'obtenant aucun label ni certification. A nous de nous dire, au long de nos recherches qu'untel ou untel est "sûr" et qu'un autre l'est beaucoup moins, voire nullement.
Parmi ces critères, j'ai, personnellement, écarté la grande majorité de toutes ces personnes possédant des généalogies de plus de 10.000 personnes... Quant à ces organismes qui demandent à des bénévoles, à peine formés, de mettre en place un service d'archives, je regrette beaucoup cette démarche qui, même si elle s'appuie sur une volonté de "bien faire", dessert grandement ladite collectivité et amène le chercheur à réaliser un véritable parcours du combattant avant, d'éventuellement, trouver une réponse à ses questions.
Être amateur, ce n'est pas se permettre n'importe quoi sous prétexte d'une bonne volonté. C'est avant tout évoluer dans une entité que l'on aime, que l'on souhaite partager et faire connaître, avec la rigueur et le discernement nécessaires. On connaît tous heureusement ces cas pour lesquels les amateurs réalisent et mettent à disposition des instruments de recherche à la hauteur de ce qu'ils doivent être mais pas toujours bien reconnus.
Internet a tendance à multiplier, amplifier ces phénomènes en y mêlant un mercantilisme ambiant propre à nous détourner de l'essentiel de nos quêtes. A nous d'être vigilants, d'analyser, comparer, sélectionner.