Le généalogiste est un fouilleur invétéré, un perpétuel enquêteur à la recherche de l'indice manquant, un poseur de problèmes à tout instant. Si son interrogation est légitime, comme doit l'être sa quête de la vérité la plus proche des faits, il doit en être de même de sa démarche qui, bien entendu au préalable clairement définie, doit avant tout permettre d'aboutir en minimisant les questionnements évoqués ci-dessus.
Il n'est pas rare de voir exprimer des conseils de généalogistes à d'autres généalogistes sur le thème du "oui mais". Ces deux petits mots peuvent en effet détruire n'importe quelle assertion généalogique, n'importe quelle constatation de filiation. "Ton père n'est pas ton père, et ton père ne le sait pas ...", un Scandale dans la famille, pour ceux à qui le nom de Sacha Distel dit quelques chose !
Car si, effectivement, des révélations tardives, la découverte de documents compromettants, le lever de "secrets de famille", confirment l'existence du "oui mais", ce n'est, heureusement, pas le cas à chaque fois. Cette notion du particularisme exposé au plus grand nombre focalise bien souvent un peu trop l'attention, et détourne de la vraie mission de recherche. Comprendre les phénomènes d'exception, les erreurs ponctuelles permet d'en appréhender l'existence, sans y apporter une attention excessive. L'exemple, souvent unique, démontrant l'absurdité d'une assertion permettant de rechercher un ancêtre, relève de la démonstration philosophique, littéraire ou mathématique, mais en aucun cas de la volonté de faciliter la recherche.
Ne mettons donc pas la charrue avant les boeufs, ne nous posons pas des problèmes avant que ceux ci apparaissent ! Si l'on vous dit que nos ancêtres se mariaient dans leur paroisse, c'est que c'est le cas ! Si un quidam quelconque vous en démontre le contraire en vous citant des exemples, il aura raison, de personnes mariées en dehors de leur commune, il y en a des milliers, cela ne vous aidera en rien, dans votre quête. Que vous sachiez que l'assertion de base peut-être transgressée est important, cela vous aidera en cas d'impasse, et vous permettra de passer à une étape suivante.
Quand je dis que les mariés de nos recherches sont des gens âgés de 20 à 30 ans, cela vous permettra, en fonction de leurs dates de naissance, de définir des fourchettes de recherche pour la date de mariage. Si nous transposons cette affirmation en des lieux, des temps, des sociétés différentes, voire des exceptions locales, elle n'aura plus lieu d'être ; et si nous ne trouvons pas ce mariage dans les fourchettes de dates évoquées ci-dessus, nous passerons alors à une autre méthode de recherche, ou à une modification de la dite fourchette. Mais, gardons tête froide, commençons dans la fourchette, le résultat tombera facilement.
Ces logiques, que l'on a parfois plaisir à démonter afin de prouver une grande connaissance de la matière, obéissent, même dans ce contexte de particularisme, à des règles qui peuvent, de prime abord, paraître absurde. Ainsi s'il paraît anormal qu'un couple fasse baptiser son enfant dans une paroisse plus éloigné de leur domicile que leur bourg, on comprendra facilement, au vu d'une carte, qu'il est plus difficile, en hiver en particulier, d'aller au chef-lieu. C'est la recherche de ces exceptions, de ces cas particuliers qui font la richesse de la généalogie. C'est parce que chaque personne est unique que l'on pourra dire "oui, mais ...", mais seulement après avoir vérifié les cas et hypothèses classiques.
En définitive un des intérêts de la recherche généalogique est bien ce "oui, mais ...", permettant de sortir des sentiers battus à la découverte d'autre chose. C'est ainsi que l'on "filera" cet ancêtre maçon parti de sa Creuse natale pour aller se marier dans le Morvan d'où ses enfants partiront conquérir la capitale pour finalement essaimer dans le Languedoc. Un parcours basé sur le "oui, mais ..." ; oui, mais un seul parcours, pour des dizaines classiques facilement identifiés sur les bases traditionnelles de la recherche.
Attention donc aux bons conseils de tous ceux qui, souvent involontairement, vous mettent en garde dans vos démarches basiques. Ces dernières sont indispensables et ne doivent pas être remplacées, tant qu'elles sont vérifiées, par les suppositions aussi nombreuses que l'imagination humaine permet de les créer. Cherchons les mariages dans la commune de naissance de l'enfant, si nous ne trouvons pas, nous passerons au cas d'étude suivant, mais pas avant !