Descriptions des arts et métiers faites ou approuvées par Messieurs de l'Académie Royale des Sciences. Art du charbonnier, ou Manière de faire le charbon de bois. Additions et corrections relatives à l'Art du charbonnier.
Par M. DUHAMEL du MONCEAU - 1761.
Nous avons déjà évoqué cette rencontre avec les métiers de nos ancêtres, la lecture de la profession, surtout dans les communes rurales, est très monotone et redondante. Il est vrai que la grande majorité de la population travaillait aux champs : cultivateurs, agriculteurs, laboureurs, journaliers, brassiers ... Découvrir de nouveaux termes devient alors un plaisir et l'interrogation sur la destination de l'activité une recherche passionnante.
Le charbonnier, présenté dans cet ouvrage, n'est peut-être pas celui auquel vous pensez. Dès les premières lignes de l'ouvrage nous en trouvons signification :
Ce qu'est le charbon.
Un morceau de bois embrasé et assez consumé, pour que l'action du feu ait pénétré jusqu'au centre, étant éteint, ou, comme l'on dit, étouffé, parce qu'on a empêché la communication de l'air qui est nécessaire pour entretenir le feu ; ce morceau de bois fait une espèce de charbon, mais un charbon qui se consume promptement, sans donner beaucoup de chaleur, parce que la matière inflammable a été en partie dissipée. Aussi distingue-t-on cette espèce de charbon, de celui qui est bien conditionné : celui-ci s'appelle Charbon, et l'autre de la Braise.
Des forêts proches de Paris, mais aussi de Brie, de la Marne, de l'Oise, de la Bourgogne ou du Morvan où j'ai souvent eu l'occasion de croiser le métier, les charrois, mais surtout les bateaux venant des provinces plus lointaines regagnaient en nombre la capitale.
On apprendra dans le document les énormes quantités de bois nécessaires aux forges, les différents types de bois, leur exploitation et leur transport, leur utilisation. On découvrira l'art de faire consumer le fourneau et les techniques mises en place par ces hommes vivant dans les bois.
Les additions et corrections apportent aussi une lumière sur le charbon minéral et ses "nouvelles" propriétés.
L'utilité des Houilles ou Charbons de pierre, est depuis longtemps reconnue en France, et rend précieuses les carrières de ce minéral qu'elle possède.
On l'emploie dans les Forges, et on le substitue avec avantage dans plusieurs cas au Charbon fait avec le bois, dont il importe d'autant plus de diminuer la consommation, que l'on se plaint avec raison que la quantité en diminue sensiblement dans le Royaume, et que les forêts se détruisent par les coupes sans être remplacées par des plantations équivalentes.
Il serait donc à désirer pour l'État, que dans tous les lieux à portée de se pourvoir de Charbons de pierre ou de terre, on s'habituât à s'en servir à l'exemple de la ville de Lyon, dans laquelle depuis un certain nombre d'années, le peuple l'emploie, comme à Saint-Etienne et à Saint-Chamont, à tous les usages domestiques, ce qui produit une épargne pour le consommateur, et un bénéfice pour le Royaume.
La réflexion, extraite de ces additions et corrections, est de M. Gabriel JARS, nous sommes à la veille d'une Révolution, à l'entrée d'un siècle dans lequel le charbon minéral, jouera un rôle prépondérant.