Descriptions des arts et métiers faites ou approuvées par Messieurs de l'Académie Royale des Sciences. Art du Perruquier, contenant la façon de la barbe, la Coupe des Cheveux ; la Construction des Perruques d'Hommes et de Femmes ; le Perruquier en vieux ; et le Baigneur-Etuviste.
Par M. de GARSAULT - 1767
Au détour d'un acte d'état-civil, d'un contrat chez un notaire, d'une quelconque attestation ou recensement, il est courant de découvrir le métier de nos ancêtres. Pour certaines de ces activités, imaginer, dans les conditions de l'époque, une pratique connue de nos jours, est presque facile. Par contre il est de ces métiers ayant disparus ou s'étant transformés d'une telle façon que l'on a du mal à visualiser le maître à l'ouvrage.
"[...] Marie Félicité FONTANILLE âgée de vingt ans, native dudit Pont-Saint-Esprit et habitante dudit Nîmes depuis sept ans sur la section septième, fille légitime de Jean Joseph FONTANILLE perruquier et de Rose IMBERT [...]"
Jean Joseph était-il vendeur de perruques ? Coiffeur ? Poudreur ?
Le livre de M. de GARSAULT nous apprendra tout cela, faisant le tour de cette profession au XVIIIe siècle en nous livrant, dans le chapitre premier Faire la Barbe, Instruments ; dans le chapitre 2, Faire les Cheveux et Friser, Poudrer, Des différentes façons de porter les Cheveux ; dans le chapitre 3, de la Perruque en général ; dans le chapitre 4 des Cheveux et Crins qui servent aux Perruques ; dans le chapitre 5, le Travail de la Perruque : préparation des Cheveux, préparer la Perruque, les Tresses et leur travail, Monter la Perruque, Coudre la Perruque, Quelques Circonstances, Achever la Perruque, Accomoder la Perruque ; dans le chapitre 6, des Cheveux et Perruques de Femmes ; dans le chapitre 7 des Perruquiers en Vieux ; dans le chapitre 8, du Baigneur Etuviste ; dans le chapitre 9, des bains sur la rivière. Le tout complété par une explication des termes employés et 5 pages d'illustrations. Un ensemble fait pour comprendre le quotidien de Jean Joseph FONTANILLE et dans lequel on remarquera que le Perruquier, tel qu'il est décrit ici, avait plusieurs cordes à son arc qui, de nos jours, ont disparues ou sont devenues des métiers à part entière.
Pour essayer de se plonger dans l'ambiance d'une boutique et respirer des odeurs que nous ne connaissons plus, je vous propose l'extrait ci-après :
"La frisure étant arrangée, il ne s'agit plus que de poudrer. La meilleure poudre pour les cheveux est faite de farine de froment, et la pommade est du saindoux : on met la poudre dans une large boîte de fer blanc, ou dans un sac de peau de mouton.
Les meilleures houpes à poudrer, sont faites avec les longues soies qui sont aux chefs des étoffes de soie.
Commencez par enduire de pommade le dedans de vos deux mains, que vous passerez ensuite légèrement sur toute la frisure ; chargez d'abord votre houpe de peu de poudre suffira pour faire apercevoir les cheveux qui sortent de l'arrangement général et les couper, après quoi vous achèverez de poudrer.
De peur que la poudre ne se répande sur le visage et n'entre dans les yeux de celui que l'on poudre, les Perruquiers lui donnent un cornet ; c'est une feuille de carton tournée comme un cornet de papier : on se cache le visage dans le gros bout de ce cornet ; il a des yeux de verre, et l'air pour la respiration entre par le petit bout ; on le tient à la main."
Je ne peux que m'imaginer au milieu de ces perruques, dans cette ambiance poudrée aux odeurs de parfums, de gras et de farine, supportant des tresses serrées portant une perruque chauffant les oreilles, après avoir fait une séance d'apnée sous un vieux cornet sentant la sueur ! L'ambiance y est, la profession révélée.