On avait trouvé le 25 août, dans la forêt d'Orléans, près de Lorris, le cadavre d'une femme nommée Joséphine, et l'état de putréfaction n'ayant pas permis d'abord de constater si cette mort était le résultat d'un crime ou d'un suicide, on a été édifié depuis.
Joséphine LIGNEAU, née à Coulmiers, canton de Meung, demeurait à Montereau, arrondissement de Gien, depuis une quinzaine d'années. Cette femme était célibataire et âgée d'environ cinquante-trois ans ; elle était, paraît-il, sujette à des accès de folie et avait souvent manifesté des idées de suicide.
Le 4 août, elle est partie sans rien dire de chez M. Louis NOLLET, propriétaire cultivateur à Grand-Champ (Loiret), où elle était en journée, et de là elle se sera dirigée vers la forêt, au bord de laquelle elle avait préparé, en un endroit couvert, un lit pour y mourir.
Au surplus, la position du cadavre et l'absence de toutes traces de violence extérieure prouvent que cette femme est morte d'un suicide par inanition.
"[...] Le sieur GARREAU (Louis), fermier âgé de cinquante un ans, demeurant à la ferme de la Fontenelle près les grandes maisons commune de Lorris (Loiret), nous a déclaré qu'avant hier (vingt-quatre août) vers neuf heures du matin, sa fille Mélanie GARREAU, âgée de 14 ans, bergère et demeurant avec lui, a trouvé dans un fossé de la forêt d'Orléans, en face de la ferme de la Fontenelle, dépendante de la propriété de M. DAUVESSE, demeurant à Orléans, le corps d'une personne inconnue. Nous nous sommes immédiatement transporté, accompagné des sieurs GARREAU, BOYER (Jean François) médecin âgé de cinquante-sept ans, COTTIN (François Maximilien), commissaire de police, âgé de quarante-cinq ans, NOLLET (Louis Firmin) propriétaire âgé de cinquante-cinq ans, tous trois domiciliés à Lorris, au lieu où se trouvait le cadavre, et que nous avons reconnu pour être celui d'une femme. Elle était vêtue d'une jupe et d'un tablier de coton bleu rayé, d'un corset en coutil blanc, d'une chemise neuve en grosse toile, d'un fichu jaune, rouge et blanc, quadrillé, d'une calotte noire, de chaussettes de serge, ses sabots étaient placés sous sa tête. Le sieur NOLLET a déclaré qu'il reconnaissait que ce cadavre est celui d'une nommée Joséphine, qui était venue fortuitement travailler chez lui vers la fin de juillet dernier, et qui en était partie le quatre août présent mois ; et qu'il croyait qu'elle demeurait à Montereau (Loiret). Il a été reconnu que le corps gisant dans le fossé de la forêt d'Orléans, serait celui de la nommée Joséphine LIGNEAU, âgée de cinquante-deux ans, journalière, née à Coulmiers, canton de Meung (Loiret) où elle se retirait chez un sieur BOITARD, depuis à peu près quatorze ans [...]"