Un assassinat, qui reste jusqu'à présent enveloppé de ténèbres et que signale la France centrale, de Blois, a été commis ces jours derniers dans la commune de Couddes, canton de Saint-Aignan.
Une jeune fille de 17 ans aurait péri par strangulation ; le cadavre a été trouvé gisant sur le sol. Les mains avaient été rapprochées sur la poitrine, soit après la mort, soit à un moment qui l'aurait précédé de bien peu d'instants.
Le Temps du 14 juin complètera ainsi :
La France centrale de Blois donne les détails suivants sur l'assassinat d'une jeune fille ROUSSEAU, de Couddes, qui a amené l'arrestation d'une autre jeune fille.
Voici, dit le journal, une des versions qui circulent en ville :
Ce serait un motif de jalousie qui aurait poussé l'auteur du crime. Les deux jeunes filles aimaient, dit-on, un garçon de ferme ; de là une jalousie, puis une animosité violente, dont on connaît le résultat.
On ajoute que l'accusée prétendrait que sa victime s'est volontairement prêtée à l'acte homicide qui lui est reproché. Cette assertion, à vrai dire, ne manque point de vraisemblance, attendu que la victime était, assure-t-on, plus robuste et plus forte que l'accusée. Mais nous doutons qu'elle triomphe devant l'opinion publique, qui n'admettra pas aisément une telle générosité, et qui trouve plus naturel de supposer qu'il y a eu un complice encore inconnu.
Il est, ajoute le journal, une autre explication qui nous paraît acceptable."Le cadavre de la fille ROUSSEAU portait encore lors de sa découverte le cordon à l'aide duquel elle avait été étranglée, et l'on rechercha d'où il pouvait venir. On sut que Louise ROUSSEAU et Françoise L..., s'étaient vues dans la matinée, et on apprit bientôt qu'elles s'étaient donné rendez-vous pour le soir. La fille LAURIER fut questionnée, et l'on remarqua qu'elle ne portait plus le tablier. Des recherches furent faites qui en amenèrent la découverte, mais il était dépourvu d'une partie de ses cordons. On rapprocha ce qui en restait du lien qui avait serré le cou de la fille ROUSSEAU, et l'on s'assura ainsi de leur parfaite identité. La fille L... fut alors interrogée et pressée de questions ; elle aurait, dit-on, déclaré :
Que le 5 au matin, elle avait rencontré la fille ROUSSEAU, qui lui avait manifesté l'intention d'entrer en service dans la ferme, où elle était elle-même ; que, craignant qu'elle ne la supplantât, elle avait résolu de l'en empêcher en la faisant mourir.
Que dans leur rendez-vous du soir, Louise ROUSSEAU lui avait dit que son frère devait venir à sa rencontre, et que, pour l'effrayer, elles étaient entrées dans le champ de seigle, puis, qu'à un certain moment, elle l'avait saisie à la gorge, lui avait roulé autour du cou deux tours du cordon de son tablier, et l'avait étranglée, sans qu'elle prononçât autre chose que ces mots : "Grands Dieux ! Que me fais tu là ?"
Qu'elle lui avait ensuite lié les bras sur la poitrine, et qu'ensuite elle était allée rejoindre sa jeune maîtresse qui l'attendait à quelques distances, pour aller à Couddes, où elles avaient fait divers achats. Et comme on lui observait qu'il était impossible qu'un si grand crime eût pour mobile une si petite cause, elle avait soutenu que c'était l'exacte vérité, sans vouloir rien modifier de ses dires.
Louise ROUSSEAU, domestique à Villagard, commune de Couddes (Loir-et-Cher), âgée de 17 ans, née à Châtillon-sur-Cher (Loir-et-Cher), fille d'Eusice, et de Marie HUBERT, est décédée à Couddes, le 5 juin 1863. Joseph ROUSSEAU, journalier, âgé de 34 ans, domicilié à Couddes, frère de la défunte, déclare le décès.
Eusice ROUSSEAU, vigneron, né à Châtillon-sur-Cher, le 8 frimaire de l'an 11, fils d'Eusice, et de défunte Marguerite BILLIEUX, s'est marié à Châtillon-sur-Cher, le 8 janvier 1827, avec Marie HUBERT, née à Châtillon-sur-Cher, le 27 septembre 1806, fille de Jean, et de défunte Magdelaine THOMAS.
Eusice ROUSSEAU, de la commune de Billy (Loir-et-Cher), né le 5 mai 1780, fils de défunt Jean et de Marie CHAUVIET, s'est marié à Châtillon-sur-Cher, le 10 messidor de l'an 8, avec Margueritte BILLIEUX, née le 22 septembre 1776, fille de Jean, et d'Anne HUBERT.