On lit dans le Journal d'Amiens :
Il est mort dernièrement, à l'Hôtel-Dieu de Saint-Quentin, un personnage mystérieux dont l'existence a toujours été une énigme. Il s'appelait Jean-Baptiste ROBINET et on pense qu'il était originaire de Reims, où il aurait reçu une certaine éducation. A la suite de contrariétés de famille, il aurait, jeune encore, quitté Reims en jurant de n'y jamais retourner, et il aurait tenu parole.
Arrivé à Paris, il fréquenta les étudiants en médecine et les élèves des Ecoles. C'est ce qui explique son goût pour la botanique et la médecine.
Dans l'impossibilité de faire ses études, et ne voulant pas être à charge de ses parents, ROBINET se fit ouvrier.
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Jamais être humain n'a pénétré dans la demeure de ROBINET, qui ne fréquentait personne. Le jour n'arrivait chez lui qu'à travers des rideaux noirs, et une languette empêchait la vue de traverser la serrure de la porte.
Chacun le regardait comme un sorcier. Des bruits incroyables couraient sur son compte. Ses voisins l'auraient vu souvent à genoux, tenant dans ses mains des ossements qu'il arrosait de ses larmes. Ces bruits, passant de bouche en bouche, avaient fini par faire de ROBINET un de ces personnages légendaires qui jouent un si grand rôle dans les romans écossais.
Après la mort de ROBINET, nous avons pénétré dans sa chambre. Il ne s'y trouvait ni table ni chaises. Le mobilier se composait uniquement d'un lit de camp, de deux malles, d'un poêle et d'une bibliothèque composée d'ouvrages de botanique, de médecine, d'almanachs de toutes les époques et d'une collection à peu près complète du Magasin pittoresque.
Les murailles étaient entièrement recouvertes de plantes de toutes espèces.
Les ossements dont on parlait depuis si longtemps ont été retrouvés. On a lieu de croire qu'ils ont appartenu au squelette d'une jeune femme qu'il aurait aimée dans sa jeunesse et qui serait morte avant qu'il eût quitté la capitale.
Jean Baptiste ROBINET, ancien ouvrier tulliste, né à Reims (Marne), le 8 thermidor de l'an 6, domicilié rue Vallon de Montigny à Saint-Quentin (Aisne), fils des défunts Nicolas et Jeanne LACAILLE, est décédé le 7 février 1863, à l'Hôtel-Dieu de Saint-Quentin.
Claude Nicolas ROBINET, âgé de 34 ans, fils de Jean Baptiste, et de Marie Louise BERNARD, s'est marié à Reims, paroisse Saint-Etienne, le 6 juillet 1789, avec Jeanne Remiette LACAILLE, âgée de 24 ans, fille d'Antoine Thomas, et de Jeanne SÉLAIN. Mariage célébré par Jean Baptiste ROBINET, prêtre de l'église métropolitaine de Reims, procédant du consentement du prêtre de la paroisse, FOURTEAU. Charles ROBINET, frère de l'époux, et Jean Baptiste René LACAILLE, frère de l'épouse, sont présents.