On écrit de Cuigy-en-Bray au Journal de l'Oise :
Un assassinat a été commis dans la soirée de dimanche dernier sur la personne de François-Gédéon COLBEAU, âgé de vingt-trois ans, demeurant au hameau des Eaux Ouïes.
Ce jeune homme vivait seul avec sa mère, dont le mari, en secondes noces, demeurait dans un hameau de Saint-Germer. Leur habitation, isolée des autres et ouvrant sur un herbage, ne prêtait que trop au forfait dont elle a été le théâtre. Depuis quelques jours, des allées et venues, quelques coups frappés aux carreaux de leurs fenêtres, le soir, peut-être pour faire sortir le malheureux qu'on guettait, leur avaient causé des inquiétudes et de sinistres pressentiments, et, ne sachant lequel des deux était menacé, ils se conseillaient l'un à l'autre de ne pas s'attarder hors du logis.
Dimanche soir, vers neuf heures, après avoir soupé et au moment où il se disposait à se mettre au lit, COLBEAU ouvrit la porte donnant sur l'herbage et s'arrêta sur le seuil pour satisfaire un besoin. Au même instant il tomba frappé mortellement et sans avoir poussé un seul cri. Sa mère, restée dans la chambre, avait entendu un bruit dont elle ne s'expliquait pas la nature ni les causes : c'était celui qu'avait produit la détonation d'une arme à feu, de nombreux projectiles pénétrant aussitôt dans la porte près de laquelle se tenait COLBEAU, et enfin la chute du corps de celui-ci. A plusieurs reprises, elle l'appela de sa chambre, s'étonnant de ne pas recevoir de réponse. C'est alors qu'elle vint à la porte et trouva son fils inanimé et baignant dans son sang.
Le lendemain, le procureur impérial de Beauvais et le juge d'instruction procédèrent sur les lieux à une information active et minutieuse. Un mandat de dépôt a été décerné contre un individu sur lequel pèsent les charges les plus graves, qui sont encore le mystère de l'instruction. Il a été écroué mardi à la maison de justice.
COLBEAU a reçu quatre lingots de plomb informes ; l'un l'a atteint à l'œil gauche qui a été crevé, deux autres ont fait balle en perçant l'os frontal, ont traversé le cerveau et se sont aplatis sur la paroi interne de l'os occipital ; le quatrième l'a blessé au bras gauche.
COLBEAU qui avait une intelligence faible, était d'un caractère doux ; il n'avait pas d'ennemi ; il aurait possédé quelque fortune ; un infernal esprit, inspiré par l'intérêt et la soif du lucre, a pu seul concevoir l'idée de cet abominable crime.
Gédéon Etienne François COLBEAU, propriétaire, né et domicilié à Cuigy-en-Bray (Oise), où il est né le 27 avril 1838, fils de feu Nicolas François, et de Justine Clarisse CRIGNON, est décédé le 29 mars 1863, à Cuigy-en-Bray.
Nicolas François COLBEAU, cultivateur, né à Cuigy-en-Bray, le 12 brumaire de l'an 6, fils de Jean Baptiste, décédé à Cuigy-en-Bray, le 30 septembre 1808, et de Marie Anne DELAMARRE, s'est marié à Blacourt (Oise), le 9 juillet 1834, avec Justine Clarisse CRIGNON, née à Blacourt, le 25 mai 1810, fille de Pierre André, cultivateur, demeurant à la Haute Rue, hameau de Blacourt, et de Marie Françoise HERSENT, décédée à Blacourt, le 12 avril 1832.
Jean Baptiste COLBEAU, âgé de 46 ans, natif et demeurant à Cuigy-en-Bray, fils de Jean Baptiste, et d'Anne ROGÉ, tous deux décédés à Cuigy-en-Bray, s'est marié à Cuigy-en-Bray, le 8 fructidor de l'an 3, avec Marianne DELAMAR, âgée de 34 ans, native et demeurant à Cuigy-en-Bray, fille de défunt Etienne, notaire, et de Marie Françoise BIZET.