Le terme est très utilisé dans le domaine de l'informatique et des nouvelles technologies ; le troll moyen, voire le débutant quelquefois, l'expert ramenant tout à la fin du monde, l'utilisent régulièrement pour démontrer - ou au moins vous provoquer - que votre activité est inutile parce qu'elle vous prend beaucoup trop de temps. Quant aux têtes bien pensantes, c'est à grand renfort d'études scientifiques menées aux quatre coins de la planète qu'ils vous prouvent que votre activité est chronophage. En clair, on vous dit que tout ce que vous faites prend du temps !
Depuis Fernand Raynaud et le refroidissement d'un certain canon, on n'avait pas fait mieux !
Personnellement, et en dehors de l'activité informatique, je trouve que la visite chez mon médecin est très chronophage, quant à la pêche à la ligne, je ne vous dis pas !
Mais alors, pourquoi cette vindicte autour de l'ordinateur et de sa non assistance à personne en plein stress horaire ? Notre activité prend du temps, oui, et alors ? Jusqu'à présent, il faut toujours un "certain temps" pour réaliser une quelconque manipulation, l'interrogation devrait plutôt viser ce "certain temps" que l'obligatoire chronophagie en dépendant.
Notre domaine, la généalogie, n'échappe évidemment pas à cette règle. Et ce qui est chronophage ici l'est aussi dans de nombreuses autres activités : le manque de connaissances. Se former avant d'entreprendre, apprendre à se servir des outils, connaître le maximum de ressources, savoir utiliser correctement un logiciel, s'entourer de personnes compétentes, sont autant de bonnes pratiques qui, bien que chronophages, facilitent la tâche et réduisent les temps de travail.
Exemple frappant, les tarifs des généalogistes qui annoncent une généalogie sur X générations pour Y milliers d'euros ; chronophobie en vue ! Pour X+1 générations, nous avons toute cette généalogie en un petit quart d'heure de recherche et téléchargement sur le net ... a contrario, une autre à X-1 générations nous obligera à une dizaine de déplacements à l'autre bout du monde, le tarif ne sera certainement pas le même. N'évoquons même pas le cas du généalogiste qui doit mettre trois ou quatre jours pour réaliser un document sous Word qui, une fois terminé, sera moche au possible (oui, oui, j'en connaîs, et des plus médiatiques et célèbres !). Le temps passé se paye certes, mais le tarif horaire devrait tenir compte de la capacité à produire en un temps raisonnable des réalisations (presque) parfaites.
Je ne vois donc aucun intérêt à parler chronophagie, sauf lorsque cette dernière est en corrélation avec une tarification professionnelle ou un engagement précis. S'il nous faut jeter nos ordinateurs et nos smartphones pour gagner du temps, que ferons-nous de ce dernier ? J'en perdrai une grosse partie, je pense, à courir d'un bout à l'autre de la France à la recherche de mes actes d'état-civil, une autre partie à écrire sur de grands registres des biographies d'ancêtres que je rayerai d'un coup de plume quelques temps après, sans parler du tri alphabétique des listes de noms etc.
La généalogie est donc bel et bien chronophage, au même titre que la philatélie, la pétanque ou le crochet. Et si le temps passé dans l'activité par un quidam est plus long que pour un autre, finalement, qu'importe, tant que l'on n'y perd pas d'argent ou la santé !
Être pressé ne devrait pas faire partie des habitudes généalogiques, la patience est une vertu que l'on doit cultiver et qui apporte beaucoup plus que ce que l'impatient a du mal à s'imaginer. L'impatience et la volonté de ne pas perdre son temps sont par ailleurs vecteurs d'aveuglement, de colère et d'un énervement que l'on ressent souvent autour de soi. Une fois la personne apaisée, acceptant de prendre et perdre son temps, on finit par trouver ce que l'on cherche.
Soyons donc chronophages, et par là même patient, même si la personne qui fait une recherche pour vous dans un quelconque site, met quatre heures pour trouver le formulaire et a tendance à réellement vous énerver en vous poussant à l'inviter à aller se former !