Je ne compte plus depuis longtemps déjà les messages ressemblant à cette récrimination, appel au noble combat de la protection des données. C'est cyclique, redondant, c'est le sujet dans lequel s'engouffre un maximum de trolls au profil généalogique aléatoire, tantôt collectionneur de montres Pikachu, tantôt amateur d'ancêtres perdus dans les couloirs peuplés d'octets de nos "compiouteurs". Mais, après tout, c'est un peu comme le reste, on a beau dire qu'il ne faut pas fumer, qu'il ne faut pas trop manger, qu'il ne faut pas trop boire, qu'il ne faut pas chanter après vingt-deux heures, qu'il ne faut pas rouler trop vite, qu'il ne faut pas ... nous n'écoutons pas !
Ainsi, depuis le temps que nous disons, ressassons, rabâchons que mettre des données sur Internet à la disposition de tout le monde c'est bien quand même pour que les autres en profitent, les recopient, en usent et en abusent, ceux qui le font et s'en offusquent méritent l'opprobre pour le moins, et beaucoup plus si affinités. Et ces malheureuses victimes, consentantes, de revenir encore une fois sur le fait que tout le travail de recherches, les longues heures passées à la bougie devant son ordinateur, les interminables transcriptions de notaires aussi frileux que grabataires à l'écriture instable, ne méritent pas d'être ainsi honteusement pillés ! Bien fait pour eux !
Mesdames et messieurs qui vous sentez brimés parce qu'un quidam sans vergogne se sert dans vos fichiers de données, arrêtez de publier à la face du monde vos travaux ! Gardez tout à la maison et ne partagez qu'avec ceux qui vous paraissent dignes de la confiance que vous leur accorderez. Car en mettant vos données à disposition sur Internet vous permettez, de fait, à un maximum de personnes d'en profiter ; ce qui est quand même le but recherché par un maximum d'autres personnes ...
Tout ce qui est diffusé sur Internet est susceptible d'être récupéré et réutilisé, et ce n'est certainement pas en se targuant de faire valoir "son bon droit" que l'on obtiendra gain de cause ; laisser les clés sur sa voiture, vitres ouvertes avec le sac à main sur le fauteuil passager, pendant trois jours, cela revient au même ! Aussi, il est bon, avant de publier quoi que ce soit sur Internet, d'en faire le tour, de se demander pourquoi on le fait. Si c'est un vrai partage, il faut être conscient que des centaines de personnes vont l'utiliser, parfois des gens sans rapport avec vos ancêtres, des collectionneurs, des dingos du chiffre, des obsédés du nombre d'aïeux. Ne vous en déplaisent, cela se passera ainsi ; mais cela aidera aussi quantité de gens, leur débloquant une branche de leur parentèle ou révélant une Histoire familiale inconnue. A vous de faire le choix, l'équilibre. Mais sachez, encore une fois, on vous pillera vu du côté obscur de la chose, ou bien on vous sollicitera vu du côté du bon samaritain.
Mais le partage peut être différé si vous souhaitez vraiment créer des interactions avec des gens partageant les mêmes liens familiaux, les mêmes objectifs, les recherches dans des régions similaires. Rien ne vous oblige à mettre tous vos travaux en ligne, il sera intéressant de passer par des groupes de discussion, des Facebookeries ou des Yahoosetés. Ces rassemblements virtuels d'individus débattant autour d'un sujet commun vous permettront de découvrir des gens qui vont dans le même sens que vous, d'échanger petit à petit, comme en IRL (In the Real Life), de connaître et reconnaître ceux qui sont des vrais, des purs, des durs, ceux qui sauront apprécier votre travail et partager le leur. Vous serez alors à même de livrer ce que bon vous semble autour de vos travaux.
Autre solution, ne spécifier que les noms, et les lieux à l'intérieur de documents au format PDF, par exemple, décrivant ces origines. Quelques liens bien placés, quelques informations sur les réseaux plus tard et vous récolterez uniquement les gens intéressés par ce que vous présentez.
Solution banale et simpliste : le minimum syndical, soit une ou deux générations sur les sites de bases de données, les curieux et les vrais amateurs ne manqueront pas de vous interroger, les autres passeront leur chemin.
En résumé : Vous mettez au vu et au su de tous vos ancêtres sur Internet, et permettez à tout le monde de profiter de vos travaux tout en sachant que n'importe qui pourra en faire n'importe quoi ... mais ne venez plus pleurer ! Autrement, ne divulguez que des points précis et proposez aux personnes intéressées de communiquer sur le sujet puis d'échanger entre vous ce qui vous semble le plus approprié. Personnellement, et comme pour beaucoup de choses, je fais un mix du tout.