Nous empruntons au Figaro le récit d'un duel qui a attristé les dernières courses de Blois :
MM. WALSH de SERRAN, de tout jeunes et forts aimables garçons, avaient assisté aux courses avec un ruban de couleur noué autour de leur chapeau de campagne ; ce ruban passe, à tort ou à raison, pour une protestation -inoffensive assurément- contre la guerre d'Italie.
Le lendemain, au café de la Loire, deux jeunes officiers, MM. LELORIN et LAPIERRE, causaient des menus incidents des courses. M. LAPIERRE signala le ruban de MM. WALSH comme une sorte de personnalité à l'endroit de tous ceux qui ont fait loyalement et glorieusement la campagne de 1859.
Son ami observa que cette particularité ne signifiait pas grand-chose, surtout chez MM. WALSH, avec lesquels il s'était trouvé en soirée, et qui sont fort bien élevés.
- Tu n'as jamais été en soirée avec eux riposta M. LAPIERRE.
Et sur cette base futile, le débat s'échauffe au point que M. LAPIERRE frappe son camarade au visage.
Rendez-vous est pris pour le lendemain. Le duel devait avoir lieu au pistolet, et tout faisait espérer qu'il n'aurait point d'issue fatale. On employait des pistolets d'arçon, et les deux adversaires devaient se placer à soixante pas et tirer en marchant jusqu'à trente pas.
M. LAPIERRE tire le premier, à quarante pas ; sa balle siffla aux oreilles de son adversaire, qui fit cinq pas, et parut hésiter.
-Tire-, dit M. LAPIERRE, et tire juste.
M. LELORIN déchargea son arme à trente-cinq pas environ. La balle atteignit M. LAPIERRE au front, et il tomba roide mort.
L'enterrement a eu lieu en présence du général et de toute la garnison ; le colonel a prononcé un discours ému sur cette tombe trop tôt fermée.
M. LAPIERRE était frère de M. LAPIERRE, rédacteur en chef du Nouvelliste de Rouen, qui vient d’être décoré, et beau-frère de M. BRAINNE. MM. BRAINNE et LAPIERRE ont épousé les deux filles de M. RIVOIRE, fondateur du Nouvelliste.
Ce jeune officier, qui, à 25 ans, avait déjà fait les campagnes de Crimée et d'Italie, était plein d'avenir, et sa mort a causé les plus profonds regrets.
Ernest Ferdinand Pierre LAPIERRE, sous-lieutenant au 5ème régiment d'infanterie de ligne, célibataire, âgé de 27 ans, demeurant à Blois (Cher), né à Gisors (Eure), fils de Jean François, et de Françoise Victorine Clarisse ROULEAUX, est décédé à Blois, le 31 août 1863.
Jean François LAPIERRE, instituteur, domicilié à Gisors, né le 18 décembre 1797, à Neuf-Marché (Seine-Maritime), fils de Louis François, journalier, et de Marie Elisabeth LEMAIRE, domiciliés à Neuf-Marché, veuf de Marie Honorine CARTIER, décédée à Neuf-Marché, le 8 août 1823, s'est marié à Gisors, le 9 janvier 1826, avec Françoise Victoire Clarisse ROULLEAU, née le 28 janvier 1806, à Orléans (Loiret), fille de François, marchand épicier, domicilié à Gisors, et de Françoise LAVEIGNÉ, décédée le 29 septembre 1814, à Saint-Denis (Seine).