Un ouvrier maçon, le nommé Maurice ALILAIRE, âgé de trente-huit ans, originaire du département de la Creuse, comparaissait hier devant la cour d'assises de la Seine, présidée par M. MONSARRAT, comme accusé de tentative de meurtre sur la personne de sa femme.
Les époux ALILAIRE vivaient en mauvaise intelligence et avaient chacun leur domicile séparé ; le mari, cependant, avait conservé pour sa femme, malgré le désordre de sa conduite, le plus grand attachement, et plusieurs fois il avait cherché à la ramener à de meilleurs sentiments.
Le 19 février dernier, dans la soirée, les deux époux s'étaient réunis à l'effet de régler quelques affaires de famille ; ils se rendirent ensuite dans un bal de la barrière Montparnasse et revinrent ensemble. Lorsqu'ils furent arrivés au carrefour Saint-Benoît, ALILAIRE engagea sa femme, avec les plus vives instances, à ne pas le quitter et à reprendre avec lui la vie commune ; elle s'y refusa avec obstination. "Il faut donc nous dire adieu", s'écria-t-il, et au même moment, saisissant un couteau qu'il avait dans sa ceinture, il la frappa avec violence au cou et à la nuque ; au second coup, la lame heureusement se brisa.
La femme ALILAIRE tomba baignée dans son sang ; elle avait reçu deux blessures graves. Relevée par des sergents de ville, elle fut conduite à l'hôpital de la Charité, où elle est restée pendant deux mois malade et dans l'impossibilité de se livrer à aucun travail.
ALILAIRE a été arrêté le 22 février dans un chantier où il était allé travailler comme de coutume. Il commença par nier les violences qui lui étaient imputées, mais bientôt il se décida à faire des aveux complets ; il prétendit qu'il avait obéi à un sentiment de jalousie et de désespoir.
Après l'audition de la femme ALILAIRE qui est complètement rétablie, et des sergents de ville qui l'ont secourue, la Cour a posé, comme résultant des débats, la question subsidiaire de coups et blessures volontaires ayant occasionné une incapacité de travail de plus de vingt jours.
M. ARMET de LISLE, avocat général, tout en soutenant l'accusation, ne s'est point opposé à l'admission de circonstances atténuantes, la femme ALILAIRE ayant oublié ses devoirs d'épouse et de mère.
Me LACHAUD a présenté la défense.
Déclaré non coupable par le jury, Maurice ALILAIRE a été acquitté.
Rose PAILLET, épouse de Maurice ALILAIRE, couturière, âgée de 30 ans, née à Saint-Sébastien (Creuse), domiciliée 22 rue Sainte-Marguerite, dans le 6e à Paris, a été admise pour plaie au cou, tentative d'assassinat par son mari rue Saint-Benoît, à l'hôpital de la Charité, le 20 février 1863, elle en ressortira le 17 avril suivant.
Maurice ALILAIRE, cultivateur, né à Parnac (Indre), le 29 novembre 1825, fils de Michel, décédé à Parnac, le 29 mai 1845, et Marguerite CEDELLE, décédée à Parnac, le 19 février 1826, s'est marié à Saint-Sébastien, le 11 février 1850, avec Marie Rose PAILLER, née à Saint-Sébastien, le 23 janvier 1832, fille de Louis, propriétaire, et de Catherine PINARDON, décédée à Saint-Sébastien, le 30 novembre 1846.
Michel ALILAIRE, sabotier, âgé de 18 ans et 1 mois, né à Parnac, où il habite avec ses parents à la Chaume au Picot, fils de Michel, sabotier, et de Magdeleine MAZERAY, s'est marié à Parnac, le 14 novembre 1820, avec Marguerite CEDELLE, âgée de 28 ans et 1 mois, née à Parnac, fille de Gabriel, cultivateur, et de Marguerite CHAUVET, décédée à Parnac.
Michel ALILAIRE, sabotier, âgé de 30 ans, fils des défunts Etienne et Solange CÉDELLE, s'est marié à Parnac, le 8 pluviôse de l'an 4, avec Madelaine MAZERET, âgée de 25 ans et 9 mois, fille de Louis, tuillier, et de Marguerite LAVILLONNIERE.